HAUSU (HOUSE)

House
Titre original: Hausu
1977 - Japon
Genre: Trip psychédélique, comique et horrifique
Réalisation: Nobuhiko Obayashi
Musique: Asei Kobayashi et Micky Yoshino
Scénario: Chiho Katsura et Nobuhiko Obayashi
Avec Kimiko Ikegami, Kumiko Ohba, Yôko Minamida, Miki Jinbo et Eriko Tanaka

 

UNE CRITIQUE DE RICK JACQUET

 

Oshare, une jeune lycéenne devant partir en vacances avec son père, décide de partir chez sa tante avec six camarades de classe suite à une dispute avec son père. Le groupe se retrouve dans une grande maison isolée, et se retrouve accueillie par la tante de la jeune femme, gentille comme tout… en apparence. Puisqu’en vérité, la maison est hantée.

 

 

Il y a des films comme ça, que l’on découvre totalement par hasard, auquel on ne s’attendait à rien de spécial, et qui se retrouvent être des petites perles rares comme on en fait plus ou presque de nos jours, pour la folie à la fois de la mise en scène et du scénario. House, à ne pas confondre avec le film de Steve Miner, fait parti de ces métrages là, que l’on peut classer aux côtés de quelques métrages de Miike ou encore de Crazy lips et de sa suite, Gore from outer space. La grosse différence, c’est que contrairement à ces films, House nous vient de la fin des années 70. Diantre ! Et encore, le mot est bien faible face à ce que le film a à nous proposer. Regarder House, c’est un peu se lancer dans un incroyable trip psychédélique en pleines montagnes russes, le genre de film qui parvient à surprendre minutes après minutes grâce à l’incroyable (et peu répandue) liberté artistique dont l’équipe a du bénéficier sur tous les points de vues. Il ne faudra pas longtemps pour se plonger dans cette ambiance totalement décalée et surréaliste, puisque les premières secondes du métrage y parviendront sans mal. Nous faisons la connaissance de deux amies, lycéennes, qui aiment prendre des photos. Puis le réalisateur nous présente leurs autres camarades de classe et leur professeur. Le tout est stéréotypé, volontairement kitch, les filles rigolent, les couleurs sont vives et primaires. Le tout est incroyablement kitch, et si ce n’était pas totalement volontaire, on aurait pu se poser des questions sur la santé mentale du réalisateur. Heureusement, tout ceci est voulu et donne un cachet très particulier au métrage. Les scènes s’enchaînent très rapidement, et on nous présente la galerie de personnages principaux à coup d’accélérés, d’incrustations d’images sur des décors en cartons et de plans n’ayant rien à envier à La petite maison dans la prairie.

 

 

Dés que la petite équipe des sept jeunes femmes vont partir à la campagne pour aller chez la tante de l’une d’entre elle, Oshare, dont elle n’avait plus de nouvelles depuis 10 ans, les choses vont se gâter sérieusement, dans le bon sens du terme. La maison est immense, et on retrouve tous les éléments pouvant faire un excellent film de maison hantée pour cette époque. Ce n’est finalement pas le cas puisque le chemin emprunté sera celui de la comédie et surtout de l’expérimentation pure et simple. Certains éléments seront tout de même inquiétants, comme la fameuse tante, en chaise roulante, qui se lève de tant en tant en prétextant que depuis qu’elle a de la visite, elle a retrouvée des forces. Elle sera sans arrêt accompagnée d’un chat tout blanc, Snowflakes. Le chat sera quelque peu la source du mal (Oh les vieux clichés, il est même pas noir en plus le chat…), et notre bande de jeunes va devoir lutter pour leur survie. On retrouve parmi les personnages celle qui a toujours faim, celle qui fait du kung-fu, celle que l’on nomme Melody, car elle joue des mélodies au piano. Bref, la galerie, bien que stéréotypée, est assez diverse pour permettre au film d’aller un peu ou il veut, ce qu’il se permettra dés l’arrivée dans la maison. Puisque la demeure ne va pas simplement se contenter d’éliminer les jeunes de façons diverses et à grand renfort d’effets spéciaux, puisque la mise en scène va alterner prise de vues réelles et séquences animées, parfois grossièrement, mais donnant à House un cachet rare et inoubliable.

 

 

Une fois dans la maison, comme dit plus haut, les choses sérieuses commencent véritablement, et le spectateur amateur d’ofni cinématographique en aura pour son argent. Le simple amateur de film de genre y trouvera tout de même son compte avec des geysers de sang et quelques filles nues par-ci par-là. Pour ceux cherchant plus loin, le réalisateur leur offrira encore beaucoup plus, avec des têtes coupées qui viendront mordre les fesses d’une jeune femme, un piano qui va se mettre à en manger une, une fille qui va faire du karatéka à des meubles, même lorsque celle ci se verra coupée en deux. Au détour de ces quelques séquences hallucinantes, on aura droit à des passages plus calmes avec de la chanson, ou plus ouvertement comiques, comme lorsqu’une des lycéennes imagine le professeur venir à leur rescousse sur un cheval. House fait rire, House divertit, House est délirant de bout en bout, très osé, on ne s’y ennuie pas une seule seconde, et on prend son pied comme un petit enfant devant son nouveau jouet. On a l’impression, en quelque sorte, de se retrouver devant le grand frère de Crazy lips et Gore from outer space. L’expérience vaut le coup d’être vécue, c’est le cas de le dire. 1h30 de pur plaisir, il serait dommage de s’en priver.

 

 

NOTE: 17/20
En bref: House est un film totalement barré, expérimental dans sa mise en scène, bordélique et fou dans son scénario, alternant toutes les scènes possibles et imaginables, mélangeant prises de vues réelles et séquences animées dans un délire kitch volontaire. Une bouffée d’air frais.